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CV - Parcours expositions collectives et individuelles

Thèse - Marie Auger - Esthetique du négatif en photographie de 1990 à nos jours

Bio



L’artiste Eric Bottero est né à Paris en 1968. Il vit et travaille à Paris.
Eric Bottero explore les possibilités de la photographie tirée en négatif couleur. Eloge de l’ombre, incandescences irréelles, clairs-obscurs maîtrisés : l’impact visuel est puissant et l’évidente élégance de ses photos dévoile d’emblée un indéniable souci esthétique.La beauté mystérieuse de ses images en grand format impressionne et séduit en premier lieu.
Mais en deçà de la préciosité de noir et d’or, se révèle une radiographie de l’invisible. Dans ses portraits, le photographe cherche avant tout à capturer des résonances internes, une autre « image de soi » dont nous ignorons tout. « Je photographie ce que les gens n’imaginent même pas être », dit-il. De ces corps et visages « dématérialisés » semble émaner une présence seconde, énigmatique, une saisissante aura. Pourtant, l’artiste ne prétend nullement faire émerger d’une face obscure de la réalité quelque « vérité » de l’être. Mais ses photographies en suggère la puissance, dans sa « persévérance à être » et dans cette sorte de préfiguration de la surhumanité que prédisait Nietzsche, lorsque, de manière imprévue, un « Zeus » ou un « Buddha » surgissent des négatifs .

Librement inspirées des représentations iconiques qui traversent cultures et religions, ses œuvres portent une dimension fortement allégorique.
« Ethno mental », premier volet de sa « trilogie ésotérique », évoque les symboles de la vie, de la mort et du passage. Ainsi le diptyque « Kusanagi » qui, dans une représentation à la fois primitive et futuriste d’une Vénus féconde, évoque la perpétuation de la vie, la fertilité et le renouveau. Ou encore, dans une perspective résolument dualiste, l’installation « De Profundis », abordant la désolidarisation du corps, matière périssable, et de l’esprit.

La force, la magie et l’ambiguïté du travail de Bottero réside dans ce paradoxe: photographier le corps pour traquer en lui ce qui par essence est invisible, l’âme, ou l’esprit. Pourtant, il n’y a dans la démarche d’Eric Bottero rien d’ouvertement religieux. Plutôt un goût voilé pour le mysticisme, des questionnements sans cesse réactivés, une curiosité sans limite pour la vie.

Lorsque dans « L’immortalité », il travaille autour de masques, ce n’est pas tant de masques africains qu’il s’agit, mais d’une réflexion sur la civilisation, sur l’énergie créatrice transcendant les continents et les siècles, sur le renouvellement et l’appropriation des symboles et de leur sens. Le masque, archétype universellement répandu, tient à la fois du sacré et du profane, du social et de l’intime, de l’initiation et du passage, de l’identité et de l’altérité...
Le masque, c’est aussi le maquillage dont il enduit ses modèles avant de les photographier, dans une mise en abîme du montrer/cacher. Pour révéler un visage autre que le visible, il faut d’abord couvrir le sien. Rite d’initiation ancestral que passent, sans le savoir peut-être, les modèles des photographies d’Eric Bottero.
Il serait cependant réducteur de définir son travail comme celui d’un artiste occidental séduit par l’esthétique africaine. Il n’y a là qu’une communauté d’esprit, dans cette volonté d’aller à l’essentiel, comme la résurgence de vérités anciennes et éternelles sous les apparences.

Tout le travail d’Eric Bottero est parcouru de cette dialectique, de ces incessants allers-retours entre passé lointain et avenir indéterminé, Comme si l’artiste tentait de mettre au jour une archéologie du devenir. Comme si le temps devait trouver dans les origines des réponses pour le futur.

Marie Deparis.